L'arbre des possibles
Je ne vais pas longuement me présenter, pas passer mon temps à déblatérer sur ma vie de mère, de compagne, de soeur, de fille, de femme...
Je vais juste dire que me voilà, à l'aube de la trentaine, à une période de ma vie complexe. Débordante de possibilités, de défis. J'ai quitté mon précédent emploi pour être sûre de pouvoir devenir mère sans problèmes de santé. Emploi que j'ai occupé plus de six ans. Que j'ai commencé par apprécier, puis fini par détester, tant il me renvoyait une image de moi qui me dégoûtait. D'une part à travers mes supérieurs, pour la plupart n'ayant ni considération ni envie de motiver leurs subordonnés. D'autre part à travers les clients auxquels nous apportions nos services, pour une immense majorité méprisants, impolis, sales...
Bref, je ne vais pas parler de ça non plus pendant des pages. Boulot qui ne me satisfaisait pas, efforts permanents non récompensés, santé se dégradant en raison du stress et du rendement, exit, point barre. Je suis du genre à ne pas laisser pourrir. Si quelque chose dans ma vie est pourri, je coupe, pour repartir sur du sain. La vie, c'est comme un corps, on ne doit jamais laisser une blessure s'infecter. Si on peut soigner on soigne, si on ne peut pas et que ça gangrène, on doit couper, cautériser, guérir, et enfin avancer plus loin sur le chemin. Oui, je suis consciente que ça paraît un peu fouillis.
Me voilà donc en 2013, sans emploi... Et mes vieux rêves de lycéenne me reprennent. J'ai envie de vivre enfin toutes ces choses, toutes ces envies sacrifiées sur l'autel de "la vraie vie", la réalité, la précarité de l'emploi, la solidité (enfin) d'un véritable amour profond et respectueux et les conséquences (certes adorables) de cet amour.
Je me sens fébrile, je me sens... limite hystérique, à penser que, très probablement, je devrai à nouveau sacrifier mes rêves, mes vieux amis. Et regarder d'autres les réaliser, admirer ces gens, pour avoir su faire d'autres sacrifices que je n'ose faire. Et pourtant, j'en suis sûre, je pourrais les faire. Quitte à passer pour folle, ou égoïste. Ma vie ne serait de toute façon pas bien plus compliquée qu'à présent. Sauf peut être en termes d'organisation.
Mais depuis toujours je me suis mise de côté, entre parenthèses, pour d'autres. J'aimerais juste être moi, pour moi, pleinement. La grande question est : le puis-je ?
